mercredi 24 décembre 2008

Noël au balcon....

Après avoir résisté vaillamment à quelques coups de vents, pas mal de froidure, un ciel si longtemps gris et pas mal d'orages qu'on se serait presque cru au bord de l'Océan Indien, voici revenu quelques belles journées bien agréables.
J'en ai profité pour faire une petite escapade sur l'eau, à la voile!
Juste un petit tour dans l'avant port en profitant d'un photographe pour me faire voir parée. L'air était vif, avec quelques rafales mais ce soleil bien agréable.
On n' a pas mis toutes les voiles mais c'était déjà bien embrouillé comme ça. Quand on n'a pas encore beaucoup d'expérience on se retrouve vite avec des sacs de noeuds de tous les côtés !
Le dernier matafian n'avait pas été défait à quai, avant de partir (les matafians sont les cordages fixés de loin en loin sur la voile et qui permettent de la ferler (lier) sur l'antenne quand on ne navigue pas). Il restait à dénouer celui qui est tout au bout de l'antenne (tous les autres sont faciles à défaire), celui qu'on n'arrive pas à attraper quand l'antenne est sur le pont puisqu'elle est plus longue que le bateau et qu'il n'était pas question de passer à l'eau en faisant l'accrobate à l'arrière. Du coup on se retrouve à batailler pour déplacer l'antenne vers l'avant avec toute la voile en paquet sur le pont, avec le palan de devant qui bloque et qu'il faut mollir puis la drosse qui retient l'antenne et l'oste qui part à l'eau. Bref un joli cafouillage de débutant mais grâce à l'aide de notre équipière on a pu installer notre voilure dans les règles et naviguer un peu sous ce beau ciel d'hiver et profiter de cette douce lumière d'après midi.
C'était la dernière navigation de l'année. En janvier et février c'est un peu dur de naviguer à la voile. J'ai été dégréée : l'antenne démontée, les voiles pliées, tous les cordages rangés, étiquetés et hivernés au sec.
Il faudra passer de l'huile sur la mâture et les poulies et prévoir un gros chantier de peinture pour le printemps (on a déjà quelques volontaires!).

Moi j'ai commandé une paire d'avirons au Père Noël : pas des rames, des vrais carrés en bois, fabriqués à la main, à ma taille. Oh, vous savez, je peux bien attendre jusqu'à Pâques!
Bon bout d'an à tous.

lundi 10 novembre 2008

Un petit tour alors!



A l'heure où 30 navigateurs valeureux coupent la ligne de départ d'une régate exprès autour du monde, je sors tranquillement du port du Frioul. Quel plaisir de voir mes voiles se gonfler. Il faut dire que ces derniers jours, avec toute cette eau qui nous est tombé dessus, je suis restée tristement à quai.
Aujourd'hui je suis bien contente d'étendre mes belles voiles neuves et de leur enlever un peu les plis. Elles sont encore toutes frippées et comme il n'y a pas beaucoup d'air, leur toile va travailler sans forcer (il vaut mieux y aller progressivement quand c'est neuf).
En tout cas quel plaisir de sentir ma coque glisser! Dans les petits airs on avance bien quand même. A défaut de tour du monde, je suis partie pour un petit tour dans la rade, sous un bon soleil automnal. On est mieux ici qu'aux Sables d'Olonne!

Pour les petits airs, en plus de ma Mestre de 13 mètres carrés (la voile latine triangulaire soutenue par l'antenne) j'ai mon Trinquet (le plus grand foc) qui s'envoie sur le penon (le bout dehors qui est fixé au pied du mât et au niveau du capian et qui déborde de 1,50 mètres de l'étrave) et me permet de porter 5 mètres carrés supplémentaires.
On est beaux par cette douce après midi, c'est bien, on a droit aux saluts admiratifs de pas mal de plaisanciers (le charme de l'ancien!). Fierté!

Finalement c'est pas mal d'être au Frioul ; certes il y a beaucoup d'inconvenients (surtout le prix, les horaires et la queue pour prendre la navette).
Mais le gros avantage c'est d'être tout de suite, dans un cadre bien sauvage. Il faut dire que la côte de tout archipel est assez austère, minérale à l'extrème, pas d'arbres, peu de végétation et avec ses quelques constructions, ses vestiges militaires abandonnés aux gabians, ses rochers qui tombent dans l'eau, on pourrait se croire bien loin, ailleurs en Méditerranée.
Il y a toujours une bonne vie maritime : des bateaux au mouillage dans la moindre anfractuosité de la côte, d'autres qui circulent à la voile ou au moteur, des embarcations de pêcheurs qui dérivent lentement et de temps en temps un énorme ferry qui nous rappelle qu'une grande métropole est derrière nous.
La ville, on l'oublie presque, on n'entend plus ses bruits, elle s'étale le long de cette belle rade mais se confond vite avec les collines qui l'entourrent de toutes parts.
Marseille a perdu son côté industriel et la Bonne Mère (l'église de Notre Dame de la Garde) qui domine tout ce paysage regarde d'un oeil intrigué le premier gratte-ciel qui se construit du côté du nouvel espace portuaire d'Euromed.
Mais dans la rade, aujourd'hui encore, le temps coule tranquillement, barre amarée.
Quel plaisir d'en profiter!
A bientôt à bord?


lundi 27 octobre 2008

Pour ne pas dire "pointu"!

Pointu c'est l'accent des amis du Nord (de Valence !). "Pointus" pour les bateaux d'ici, ça n'a pas de sens. Certes ils sont pointus à l'arrière et à l'avant et c'est la caractéristique d'à peu près tous les bateaux traditionnels de Méditerranée : Galères, Chébecs, Felouques, Pinques, Tartanes, Mourre de Pouar, Bettes, Barques Marseillaises, entre autres, mais il y a beaucoup de bateaux pointus des deux côtés de par le monde (les drakkars, les Chasse-Marée, les Sinagos et tant d'autres).
"Pointu" est plus le terme générique des petits bateaux méditerranéens pointus à l'arrière et à l'étrave ornée d'un capian (un beau phallus dressé vers le ciel - un porte bonheur depuis l'antiquité). Ils changent juste un peu de caractéristiques et de noms le long du littoral. Entre Sète et Collioure, c'est surtout la barque Catalane, vers Nice la Gourse, du côté de Toulon le Rafiau et par chez nous la barque Marseillaise ou barquette (alors, appelons-la par son vrai nom).
Ces bateaux sont semi pontés : une écoutille court de l'avant vers l'arrière et se ferme par une série de capots. Des bancs transversaux renforcent la coque, le plus en avant sert d'appui au mât, les autres permettent de ramer. Le moteur a souvant amené l'abandon du gréément originel mais les formes n'ont pas beaucoup changé. Les plus anciennes sont plus fines (pour mieux marcher à la voile) et depuis les années 50 elles ont les extrémités plus arrondies pour gagner du volume.
C'est le bateau de pêche : lignes, palangres, gireliers, filets, gangui. Il y a encore des pêcheurs professionnels qui travaillent avec ces bateaux mais surtout beaucoup de particuliers (souvant vieillissants) qui les utilissent et les entretiennent. Il y en a beaucoup trop qui sont à l'abandon, détruites ou transformées en pot de fleur. On trouve aussi des passionnés qui les sauvent et les refont naviguer à la voile, souvant regroupés en associations. Il y a même un certain snobisme et un engoûment pour le bois, le lien au passé, une forme de luxe à l'italienne autour de ces bateaux et ce ne sont pas les chantiers qui vont s'en plaindre.
De plus en plus de rassemblements et de manifestations permettent de faire vivre et partager notre Patrimoine Méditerranéen. Marseille capitale culturelle en 2013 ne va pas oublier qu'elle a été fondée à l'occasion de l'union d'un marin Phocéen et d'une jeune fille locale. Il y a beaucoup à faire pour que la Culture Maritime joue un rôle plus large, plus fort et plus visible.
J'en suis et vous!



samedi 25 octobre 2008

escale technique devant la Mairie


Quelques travaux hors d'eau (merci Stéphane et merci aux sociétaires des "Anciens Marins Bateliers" du Vieux-Port pour leur accueil chaleureux) mais j'ai hâte d'utiliser mes voiles!
Fred nous a modifié les ferrures du timon (gouvernail) pour pouvoir tailler le "casse escote", une entaille dans l'étambot pour passer l'écoute de Mestre.
L'autre jour on a fait une première sortie. Quelle joie d'arrêter le moteur et d'entendre le clapotis de l'eau sur ma coque, de sentir les voiles qui portent. Il n'y avait pas beaucoup d'air mais c'était bien agréable de se détendre sur l'eau. Mon patron est en rodage aussi mais il commence à s'y retrouver dans tous ces cordages.
Au retour l'équipe du chantier Borg était sur le pas de la porte (on les a vu nous espincher par la porte qui donne sur l'eau) alors on est passé leur dire bonjour. L'Anse du Pharo est un endroit vraiment magique, un bout du monde où on se sent en famille.

Historique ou comment les choses en sont arrivées là!

Certes je suis née en 1938 mais j'ai complètement oublié ce que j'ai vécu. J'ai dû aller à la pêche mais je crois que je suis devenue amnésique.
J'étais promise à la démolition quand l'association ATM (Avenir Traditions Marines) m'a récupérée il y a quelques années.

Et puis il fallait vraiment me refaire une beauté. Certains de l'association ont relevé le défi. Ils ont dû enlever tout ce qui était hors d'état et remettre à neuf. C'est le chantier "Maré-Nostra" qui les a aidé . Voilà maintenant j'ai un pont neuf, étrave et étambot refaits, tous mes bordés recloués et calfatés, pavois et plat bord changés et jusque le moteur qu'ils ont remis en état. Un monocylindre DUCATI, diesel avec un réservoir journalier, qui a ce bruit inimitable avec son échapement direct et son refroidissement à air. Pas besoin de compte tour!
Et puis l'enthousiasme de Michel, Guy, Bernard, Janick a commencé à flancher quand ils m'ont remise à l'eau et parquée au Frioul. Il ne manquait plus grand chose pour me rendre ma beauté d'antan mais le coeur n'y était plus.
Après quelques années d'abandon, ils ont commencé à chercher un patron pour moi : une personne de bonne volonté qui prenne les choses en main, s'occupe de l'entretien et des dernières finitions. Quelqu'un qui s'occupe de moi!
Et ils l'ont trouvé. C'est Roger et Janick qui ont fait appel à lui et Bernard Besinet a accepté.

S'il veut naviguer il faudra bien qu'il me bichonne!!!
La peinture est toute écaillée, l'alignement du moteur à parfaire, il manque des capots et je prends l'eau quand il pleut mais avec mes lignes fines j'ai réussi à le séduire. D'autant plus que l'association a reçu une subvention pour me faire naviguer à la voile.
Ils ont signé une convention en mars 2008 et depuis je peux dire que les choses avancent.
Bon courage!

vendredi 24 octobre 2008

(re)naissance

Grand jour ce samedi 4 octobre 2008! J'ai mon beau gréément latin. Ce "week-end" (tiens c'est mon ancien nom) "La Ronde des Capians" est l'occasion, pour nous barques marseillaises de parader sur le port.
Hier soir c'était la nocturne, un peu fraiche (n'est-ce pas Laurence) mais aujourd'hui, en plein jour, par ce beau soleil et ce petit air qui gonfle nos voiles et nos pavillons, on peut faire les fières.
Le curé de Saint Laurent va me donner sa bénédiction. C'est la tradition mais il y a surtout mes "copines" : André-Jean, L'atol, Monté-Cristo et la Bonne Mère et les amis sur le quai.
J'ai bien cru que je ne serai jamais prête pour cette fête : le tissus de mes voiles tardait à arriver d'Angleterre mais en quelques jours Cristel et Janick de "l'Atelier des Voiles" ont mis les bouchées doubles pour faire la Mestre (12m2) le Trinquet (5m2) et la Polacre (2m2) en finition à l'ancienne. Pour la mature, il a fallu attendre le dernier moment (hier soir) pour que tout soit terminé au Chantier Borg. Installer le mât, lier les deux parties de l'antenne (8m10!) avec les angines, fixer la Mestre avec les matafians, monter poulies et palans, terminer les dernières épissures et surliures, fixer les taquets. Thierry, imperturbable a dirigé tout ça avec calme et efficacité. Denis avait juste eu le temps de finir de poncer les espars et de paser une couche d'huile....cette bonne odeur du neuf (et du bois bien entretenu). Et oui, ça prend du temps et le patron était un peu à la bourre!

Alors aujourd'hui on souffle un peu. Je savoure la joie d'être redevenue un voilier. J'oublie mes soucis de moteur, ma peinture qui s'écaille et tous les petits travaux qui restent encore à faire. Les essais sous voiiles sont reportés à plus tard, aujourd'hui je fais la belle sur le port.
Et puis, je l'aime bien la petite qui est à mon bord. C'est la fille du patron et elle m'a un peu donné son nom. Il faut dire qu'elle s'occupe bien de moi : elle m'a déjà grattée et repeinte cet hiver.
Alors à elle aussi je dis à bientôt.