lundi 27 octobre 2008

Pour ne pas dire "pointu"!

Pointu c'est l'accent des amis du Nord (de Valence !). "Pointus" pour les bateaux d'ici, ça n'a pas de sens. Certes ils sont pointus à l'arrière et à l'avant et c'est la caractéristique d'à peu près tous les bateaux traditionnels de Méditerranée : Galères, Chébecs, Felouques, Pinques, Tartanes, Mourre de Pouar, Bettes, Barques Marseillaises, entre autres, mais il y a beaucoup de bateaux pointus des deux côtés de par le monde (les drakkars, les Chasse-Marée, les Sinagos et tant d'autres).
"Pointu" est plus le terme générique des petits bateaux méditerranéens pointus à l'arrière et à l'étrave ornée d'un capian (un beau phallus dressé vers le ciel - un porte bonheur depuis l'antiquité). Ils changent juste un peu de caractéristiques et de noms le long du littoral. Entre Sète et Collioure, c'est surtout la barque Catalane, vers Nice la Gourse, du côté de Toulon le Rafiau et par chez nous la barque Marseillaise ou barquette (alors, appelons-la par son vrai nom).
Ces bateaux sont semi pontés : une écoutille court de l'avant vers l'arrière et se ferme par une série de capots. Des bancs transversaux renforcent la coque, le plus en avant sert d'appui au mât, les autres permettent de ramer. Le moteur a souvant amené l'abandon du gréément originel mais les formes n'ont pas beaucoup changé. Les plus anciennes sont plus fines (pour mieux marcher à la voile) et depuis les années 50 elles ont les extrémités plus arrondies pour gagner du volume.
C'est le bateau de pêche : lignes, palangres, gireliers, filets, gangui. Il y a encore des pêcheurs professionnels qui travaillent avec ces bateaux mais surtout beaucoup de particuliers (souvant vieillissants) qui les utilissent et les entretiennent. Il y en a beaucoup trop qui sont à l'abandon, détruites ou transformées en pot de fleur. On trouve aussi des passionnés qui les sauvent et les refont naviguer à la voile, souvant regroupés en associations. Il y a même un certain snobisme et un engoûment pour le bois, le lien au passé, une forme de luxe à l'italienne autour de ces bateaux et ce ne sont pas les chantiers qui vont s'en plaindre.
De plus en plus de rassemblements et de manifestations permettent de faire vivre et partager notre Patrimoine Méditerranéen. Marseille capitale culturelle en 2013 ne va pas oublier qu'elle a été fondée à l'occasion de l'union d'un marin Phocéen et d'une jeune fille locale. Il y a beaucoup à faire pour que la Culture Maritime joue un rôle plus large, plus fort et plus visible.
J'en suis et vous!



samedi 25 octobre 2008

escale technique devant la Mairie


Quelques travaux hors d'eau (merci Stéphane et merci aux sociétaires des "Anciens Marins Bateliers" du Vieux-Port pour leur accueil chaleureux) mais j'ai hâte d'utiliser mes voiles!
Fred nous a modifié les ferrures du timon (gouvernail) pour pouvoir tailler le "casse escote", une entaille dans l'étambot pour passer l'écoute de Mestre.
L'autre jour on a fait une première sortie. Quelle joie d'arrêter le moteur et d'entendre le clapotis de l'eau sur ma coque, de sentir les voiles qui portent. Il n'y avait pas beaucoup d'air mais c'était bien agréable de se détendre sur l'eau. Mon patron est en rodage aussi mais il commence à s'y retrouver dans tous ces cordages.
Au retour l'équipe du chantier Borg était sur le pas de la porte (on les a vu nous espincher par la porte qui donne sur l'eau) alors on est passé leur dire bonjour. L'Anse du Pharo est un endroit vraiment magique, un bout du monde où on se sent en famille.

Historique ou comment les choses en sont arrivées là!

Certes je suis née en 1938 mais j'ai complètement oublié ce que j'ai vécu. J'ai dû aller à la pêche mais je crois que je suis devenue amnésique.
J'étais promise à la démolition quand l'association ATM (Avenir Traditions Marines) m'a récupérée il y a quelques années.

Et puis il fallait vraiment me refaire une beauté. Certains de l'association ont relevé le défi. Ils ont dû enlever tout ce qui était hors d'état et remettre à neuf. C'est le chantier "Maré-Nostra" qui les a aidé . Voilà maintenant j'ai un pont neuf, étrave et étambot refaits, tous mes bordés recloués et calfatés, pavois et plat bord changés et jusque le moteur qu'ils ont remis en état. Un monocylindre DUCATI, diesel avec un réservoir journalier, qui a ce bruit inimitable avec son échapement direct et son refroidissement à air. Pas besoin de compte tour!
Et puis l'enthousiasme de Michel, Guy, Bernard, Janick a commencé à flancher quand ils m'ont remise à l'eau et parquée au Frioul. Il ne manquait plus grand chose pour me rendre ma beauté d'antan mais le coeur n'y était plus.
Après quelques années d'abandon, ils ont commencé à chercher un patron pour moi : une personne de bonne volonté qui prenne les choses en main, s'occupe de l'entretien et des dernières finitions. Quelqu'un qui s'occupe de moi!
Et ils l'ont trouvé. C'est Roger et Janick qui ont fait appel à lui et Bernard Besinet a accepté.

S'il veut naviguer il faudra bien qu'il me bichonne!!!
La peinture est toute écaillée, l'alignement du moteur à parfaire, il manque des capots et je prends l'eau quand il pleut mais avec mes lignes fines j'ai réussi à le séduire. D'autant plus que l'association a reçu une subvention pour me faire naviguer à la voile.
Ils ont signé une convention en mars 2008 et depuis je peux dire que les choses avancent.
Bon courage!

vendredi 24 octobre 2008

(re)naissance

Grand jour ce samedi 4 octobre 2008! J'ai mon beau gréément latin. Ce "week-end" (tiens c'est mon ancien nom) "La Ronde des Capians" est l'occasion, pour nous barques marseillaises de parader sur le port.
Hier soir c'était la nocturne, un peu fraiche (n'est-ce pas Laurence) mais aujourd'hui, en plein jour, par ce beau soleil et ce petit air qui gonfle nos voiles et nos pavillons, on peut faire les fières.
Le curé de Saint Laurent va me donner sa bénédiction. C'est la tradition mais il y a surtout mes "copines" : André-Jean, L'atol, Monté-Cristo et la Bonne Mère et les amis sur le quai.
J'ai bien cru que je ne serai jamais prête pour cette fête : le tissus de mes voiles tardait à arriver d'Angleterre mais en quelques jours Cristel et Janick de "l'Atelier des Voiles" ont mis les bouchées doubles pour faire la Mestre (12m2) le Trinquet (5m2) et la Polacre (2m2) en finition à l'ancienne. Pour la mature, il a fallu attendre le dernier moment (hier soir) pour que tout soit terminé au Chantier Borg. Installer le mât, lier les deux parties de l'antenne (8m10!) avec les angines, fixer la Mestre avec les matafians, monter poulies et palans, terminer les dernières épissures et surliures, fixer les taquets. Thierry, imperturbable a dirigé tout ça avec calme et efficacité. Denis avait juste eu le temps de finir de poncer les espars et de paser une couche d'huile....cette bonne odeur du neuf (et du bois bien entretenu). Et oui, ça prend du temps et le patron était un peu à la bourre!

Alors aujourd'hui on souffle un peu. Je savoure la joie d'être redevenue un voilier. J'oublie mes soucis de moteur, ma peinture qui s'écaille et tous les petits travaux qui restent encore à faire. Les essais sous voiiles sont reportés à plus tard, aujourd'hui je fais la belle sur le port.
Et puis, je l'aime bien la petite qui est à mon bord. C'est la fille du patron et elle m'a un peu donné son nom. Il faut dire qu'elle s'occupe bien de moi : elle m'a déjà grattée et repeinte cet hiver.
Alors à elle aussi je dis à bientôt.